A Salies-de-Béarn, dans les Basses-Pyrénées, l'honneur de la découverte des eaux salines, les plus riches et les plus fortes que l'on connaisse, parait-il, revient à un sanglier. Le seigneur d'Orthez, châtelain du seizième siècle, dit la légende, avait blessé l'animal et tous ceux qui suivaient la chasse avaient vu fuir celui-ci avec la flèche qui le transperçait. Certain que la bête n'avait pu aller bien loin, on fouilla le bois et les fourrés pendant trois jours, mais inutilement. Ce fut seulement quinze jours plus tard qu'un pâtre du château découvrit, par hasard, le corps du sanglier dans un endroit très écarté où l'eau d'une source tombait en cascade et recouvrait entièrement le cadavre. Ce serviteur reconnut facilement le sanglier recherché à cause de la flèche qui était encore enfoncée dans son dos. Mais, ce qui surprit tout le monde, c'est que, au lieu d'étre en putréfaction, le corps était parfaitement conservé. On reconnut alors que l'eau de la source était très salée et que c'était à cette cause que devait être attribuée la conservation de l'animal mort depuis quinze jours. Les habitants de la contrée tirèrent aussitôt profit de cette source qui, depuis lors, a fait la richesse du pays.
D'autre part, les habitants du pays racontent que des chèvres allaient s'abreuver avec délices aux sources de Salies : on eut l'idée d'y mener boire les porcs qui fournirent les premiers jambons de Bayonne, si renommés depuis cette époque et qui firent concurrence à ceux de Mayence.