[...] Au pays de Galles, nous y trouvons une mystérieuse population fée, plutôt que lutine, dont les veillées conservent beaucoup d’histoires. Ces esprits sont connus sous le nom de Tylwyth-teg. Leur royaume est souterrain
Mais, ils visitent les fermes et les maisons de campagne, à l’heure de minuit, et témoignent leur satisfaction si les salles sont balayées, si tout est en ordre et si les seaux sont remplis d’eau. Au douzième siècle, un jeune garçon de Neath, au comté de Clamorgan, ayant mécontenté ses parents et craignant leur sévérité, s’enfuit et se cacha au bord escarpé d’une rivière. Il était là depuis deux jours, lorsque passèrent devant lui deux petits personnages qui lui dirent : — Si tu veux venir avec nous, nous te mènerons dans un pays où tu seras heureux. Ces deux petits hommes étaient deux tylwyth-teg. Le jeune garçon qui se décida à les suivre se nommait Élidor, et il était âgé de douze ans.
Il descendit avec ses guides par un sentier souterain très obscur, au bout duquel il se vit dans un beau pays, nébuleux cependant, où le soleil ne brillait jamais de tout son éclat. Il fut présenté au roi, qui était environné de toute sa cour. Après l’avoir examiné longtemps, à la grande surprise de ses courtisans, le roi le remit entre les mains de son fils, qui n’était alors qu’un enfant. Tout ce peuple était de très petite taille, mais bien proportionnée; tous avaient un beau teint, de longs cheveux, surtout les femmes, qui les portaient flottants sur leurs épaules.
Leurs chevaux, leurs chiens de chasse étaient en rapport avec leur taille. Ils ne mangeaient ni poisson ni viande, et vivaient principalement de lait et de safran. Toutes les fois qu’ils revenaient de notre monde, ils blâmaient notre ambition, nos infidélités, et quoiqu’ils n’eussent aucune forme publique de culte, ils paraissaient porter un grand amour et un grand respect à la vérité ; personne chez eux n’excitait plus d’aversion qu’un menteur.
L’enfant revint souvent dans son pays, quelquefois par le chemin qu’il avait pris en partant, quelquefois par d’autres, d’abord accompagné, et ensuite seul, ne se faisant connaître qu’à sa mère, à qui il racontait ce qu’il avait vu. Prié par elle de lui apporter quelque cadeau en or, puisqu’il lui disait que ce pays en abondait, il déroba, en jouant avec le fils du roi, une balle d’or qui servait à leurs divertissements, et il l’apporta à sa mère, non pourtant sans être poursuivi , car en entrant dans la maison il trébucha sur le seuil, et laissa tomber la balle, que deux esprits saisirent; et en s’en retournant, ils accablèrent l’enfant de toutes sortes de marques de mépris et de dérision.
Pendant une année entière, l’enfant ne put retrouver, malgré toutes ses tentatives, le sentier qui conduisait au passage souterrain. Enfin, après avoir éprouvé bien des malheurs, il réussit à renouer quelques rapports avec cette race mystérieuse. Il avait appris leur langue, qui, selon Giraud de Cambridge, avait quelque ressemblance avec le grec.