Lors de l'invasion des Oulad Naïl, protégés par le marabout Sidi ben Aliya, les tribus du Sahari furent vaincues et durent subir la loi des nouveaux arrivants. Parmi ces tribus étaient les Draba, dont un des principaux centres était l'endroit désigné aujourd'hui sous le nom de Khaneg el'-Ar'ar, et qui alors était divisé en trois quartiers: Draba, Tamda, Aïât.
Un jour que les hommes jouaient au sig, et que les femmes épiloguaient entre elles et s'adressaient des discours épigrammatiques, une querelle surgit tout à coup; des propos acérés, des paroles de colère, on passa aux bâtons, des bâtons aux pierres, des pierres aux armes de fer.
Ils s'entr'égorgèrent tous, et les femmes s'entre-déchirèrent.
Il ne survécut qu'un chien et deux vieilles, l'une des Tamda et l'autre des Aïât. Le chien s'appelait Ar'ar; en reconnaissance des soins dont il ne cessait d'être l'objet, il gardait les deux vieilles et prévenait avec intelligence leurs moindres désirs.
Mais un matin, malgré l'attachement d'Ar'ar, l'une des mégères le tua. L'autre vieille, accourant, s'élança sur la meurtrière et bientôt toutes deux roulèrent inanimées sur le cadavre du chien.
En souvenir de ce fait on donna le nom d'Ar'ar à la gorge voisine.