Il y a très longtemps, les vaches de Bollendorf paissaient sous la garde d’un jeune garçon, qui n’accordait que peu d’importance à ses responsabilités.
Il avait pour habitude de mener les vaches aux pâturages le plus tard possible, et de les ramener au village dès que possible le soir.
À cause de cette négligence, le bétail souffrait beaucoup.

Un jour, une vache d’un blanc éclatant, avec des cornes d’or, sortit des bois voisins et vint se mêler au troupeau de Bollendorf pour brouter paisiblement à leurs côtés.

Mais lorsque le garçon voulut, comme à son habitude, ramener ses bêtes tôt au village, aucune d’entre elles ne voulait quitter la pâture sans la vache étrangère.
Tous ses efforts pour chasser cette dernière furent vains.
Le garçon dut attendre jusqu’à la nuit tombante, lorsque la vache blanche repartit seule vers la forêt.

Cela se répéta plusieurs jours de suite.
Finalement, un soir, comme la vache tardait encore plus que d’habitude, le jeune garçon décida de la suivre en secret pour découvrir la vérité à son sujet.
Il se faufila entre les rochers et les buissons, jusqu’à ce que la vache disparaisse dans une grotte rocheuse.
Résolu, il entra… et se trouva face à un petit lutin grognon, qui lui demanda avec colère ce qu’il venait faire là.

Le garçon réclama alors une récompense pour avoir gardé la vache blanche.
« Insolent ! » s’écria le lutin.
« Ma bête n’a pas besoin de ta garde, elle est venue exprès dans le pré pour t’obliger à mieux t’occuper du bétail qu’on t’a confié.
Mais puisque tu exiges un salaire, tu vas l’avoir. »

Sur ces mots, le lutin sortit d’un coffre rempli d’or et d’argent…
…une vieille pièce sans valeur, qu’il lança au garçon en disant :
« Je te paie selon ton mérite. »
Puis il claqua la porte au nez du garçon.

(Source : Évêque de la Basse-Moutûrie, p. 207)