Au sud de Mésandans, il y a une montagne élevée qui se nomme le Mont du Ciel.
La tradition rapporte qu'à certaines époques de l'année, on avait coutume autrefois d'allumer sur cette hauteur de grands feux de joie, autour desquels le peuple dansait en chantant. Cet usage était, dit-on, un rested'anciennes coutumes gauloises.
Une autre tradition dit que c'est du haut de cette montagne que les âmes des justes prennent leur essor vers le ciel, et que souvent il s'y livre de terribles combats entre les anges et les démons.
Voici un récit qu'on attribue à une ancienne bergère du pays :
« Une fois que je gardais mon troupeau de moutons sur le mont du ciel (c'était le jour de la mort d'une personne que je ne veux pas nommer), j'ai vu, à travers le brouillard, un fantôme blanc que se disputèrent longtemps deux autres fantômes dont l'un ressemblait à un ange et dont l'autre était certainement le diable. Vingt fois le diable arracha le fantôme à l'ange, qui vingt fois lui reprit sa proie au moment où il l'emportait. Tout à coup, je vis venir du fond de la vallée une innombrable quantité de diables qui entourèrent les combattants et qui auraient arraché sans peine au bon ange l'âme qu'il avait tant de fois reprise au démon; mais une légion d'autres anges arrivèrent du côté de l'orient avec une telle rapidité que la troupe de démons fut refoulée dans les forêts du Mont de Vaux, où tout disparut. Mes moutons avaient eu peur, et ils bêlaient tellement sans vouloir manger que j'ai dû les ramener au village plus tôt que de coutume.