Entre Mérey et Montrond, il existe une excavation profonde, appelée le Puits de la Belle-Louise. Ce nom lui vient d'une aventure tragique dont on a conservé le souvenir dans le pays, et qui serait arrivée à une époque inconnue.
Une belle jeune fille du village de Montrond, appelée Louise, ou plus communément la Belle-Louise, avait promis sa foi à un jeune homme pauvre comme elle, qui depuis longtemps la recherchait en mariage. Malgré le serment qu'elle avait fait à son fiancé de n'épouser jamais que lui, elle consentit à donner sa main à un riche vieillard, tandis que son pauvre fiancé était retenu prisonnier dans une contrée lointaine. Voilà que le soir des noces, au moment où la Belle-Louise, qui de bergère était devenue baronne, allait franchir le seuil de la chambre nuptiale, elle se sent arrêter par un bras vigoureux qui l'entraîne au dehors, et qui l'emporte en un clin-d 'œil sur un coursier rapide. En vain elle crie; en vain son vieil époux et ses gens veulent courir à son secours. Le démon qui l'emporte la précipite pour la punir de son parjure dans l'abîme sans fond que l'on a appelé dès lors le Puits de la Belle-Louise. Le lendemain, les gens du vieux baron, qui cherchaient encore l'infortunée, suivirent dans la neige les pas du coursier infernal qui l'avait emportée. Au bord de l'abime où tout avait disparu, on ne retrouva qu'un débris de la parure qui avait orné le cou de la Belle-Louise.