Je me fais un plaisir de vous redire ce que m'ont raconté bien des gens âgés.
Vers l'année 1720, le père de Pierre-François Bourqueney se trouvant seul à à la chasse dans le bois de la commune, lieu dit au Lomont, fit rencontre d'un sanglier qu'il blessa d'un coup de feu. La bête se précipita sur lui qui, saisi de crainte, se recommanda à Sainte-Anne et fit vœu de construire une chapelle sur le lieu même s'il obtenait la grâce de sa délivrance. A l'instant, l'animal furieux qui avait déjà déchiré les vêtements du chasseur se retire comme obéissant à une voix divine.
Alors, pour accomplir son voeu, Bourqueney fit construire au sommet du Lomont une chapelle en l'honneur de Sainte-Anne, que l'on voit distinctement depuis le village de Grand-Crosey. Cette chapelle a été entretenue longtemps par les descendants du fondateur.
En 1854, alors que le choléra sévissait d'une manière terrible dans les communes du voisinage, le curé de Grand-Crosey mit sa paroisse sous la protection de Sainte-Anne. Il fit vœu au nom de ses paroissiens de réparer cette chapelle et d'y faire chaque année une procession solennelle le dimanche qui suit le 26 juillet.
Comme le chemin qui conduit à la chapelle est très abrupt, les hommes seuls se rendent jusqu'au seuil, les femmes restent au bas de la côte, à l'entrée du bois.
La dévotion à Sainte-Anne est très grande dans la commune et dans les environs, et on signale beaucoup de grâces obtenues par son intercession. On raconte, entre autres faits, qu'un nommé Blaise de Loye avait, il y a environ quarante ans, un enfant âgé de neuf ans qui n'avait jamais parlé. Le père et la mère se rendirent à Sainte-Anne. Pendant le voyage, l'enfant qui n'avait jamais articulé un mot, demanda du pain très distinctement et a toujours parlé depuis.