La légende de Makh'oula la Voyante [Sendjas (Chlef / Algeria)]

Publié le 9 septembre 2024 Thématiques: Accouchement , Destruction , Femme , Femme enceinte , Maladie , Mort , Prémonition , Sorcière , Ville ,

Femme malade alitée
Femme malade alitée. Source Midjourney
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Source: Certeux A. / Contributions au folk-lore des Arabes: l'Algérie traditionnelle, légendes ... (1884) (moins d'1 minute)
Contributeur: Fabien
Lieu: Makh'oula / Sendjas / Chlef / Algeria

Entre la Sebkha de l'Ouest et le Sendjas, des amas de pierres attestent encore l'existence d'un Ksar appartenant jadis aux Draba. Ces ruines sont connues sous le nom de Makh'oula qui était celui d'une femme à laquelle les habitants accordaient les honneurs de reine et de prophétesse.

Makh'oula était douée d'une vue si perçante que l'atome le plus intactile, le corpuscule le plus insaisissable (traduction très libre du mot arabe qui littéralement signifie très petite mite) ne pouvaient se soustraire à son regard.

Un jour, elle s'alita, gravement malade à la suite d'un accouchement pénible, Les incrédules la crurent pour lors désormais incapable de veiller sur le ksar et se mirent à s'apitoyer sur ses souffrances.

« Hélas! répondit Makh'oula, ma vue s'est bien affaiblie, cependant je distingue sur la Gada du Sendjas la tête d'une perdrix et l'arme du chasseur qui va tuer la pauvre bête.
O Draba! prenez garde à vos troupeaux ! »

Les Draba tournèrent la tête du côté indiqué par la voyante, mais n'aperçurent rien, ils se mirent à rire et s'écrièrent :
« Décidément, Makh'oula, ton esprit épuisé se laisse jouer par la folie ! »

Mais sans remarquer leurs railleries, elle continua :
« Je vois dans les nues l'œil aigu du méguernès (le plus noble des faucons). Je vois, là-bas, dans la plaine, reluire au soleil les crins de la queue d'une jument noire.... Je vois sur les roches du Khider la prunelle dilatée de la hyène....
O Draba prenez garde à vous! »

Tout le monde la traita d'extravagante. Mais le soleil à peine s'était-il couché, que des bandes de cavaliers et de fantassins s'accumulèrent autour de la ville. Les habitants eurent beau fermer leurs portes; il était trop tard.

Les Ouled-Naïl furent victorieux et ils saccagèrent le Ksar. Le massacre dura huit jours et le peu qui resta des habitants dut s'enfuir au loin à Teguentas, dans le cercle de Bou-Rar.


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