La légende du cortège de l'Ommegang [Brussel, Bruxelles (Bruxelles-Capitale, Antwerpen (Antwerpen / Belgique)]

Publié le 14 juin 2024 Thématiques: Apparition , Bateau , Déplacement , Eglise , Fleuve | Ruisseau | RIvière , Légende chrétienne , Miracle , Origine , Origine d'une coutume , Statue , Statue de la Vierge ,

L'Ommeganck sur la Grand Place en 1615
L'Ommeganck sur la Grand Place en 1615. Source Denis van Alsloot, Public domain, via Wikimedia Commons
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Source: Devogel, Victor / Légendes bruxelloises (1891) (2 minutes)
Contributeur: Fabien
Lieu: Grand-Place de Bruxelles / Brussel / Bruxelles-Capitale / Belgique
Lieu: Cathédrale Notre-Dame d'Anvers / Antwerpen / Antwerpen / Belgique
Lieu: Église Notre-Dame du Sablon / Bruxelles / Bruxelles-Capitale / Belgique

Il y avait une fois, à Anvers, une pauvre femme qui s'appelait Béatrix Soetkens. Elle était très pieuse et vivait religieusement, craignant Dieu et les saints. On la vénérait à cause de cela. A cause de cela aussi, on disait qu'elle avait des apparitions et des révélations, ce qui veut dire qu'elle croyait, en différentes circonstances, avoir vu la Vierge et d'autres habitants du paradis, et avoir conversé avec eux.

A cette époque, car il y a plus de cinq cents ans de ce dont je vous parle, ils étaient nombreux les gens qui juraient avoir vu en songe un saint ou une sainte leur parlant et leur ordonnant d'accomplir certaines choses. Aujourd'hui, les hommes sont devenus très curieux et veulent toucher tout de leurs mains, voir tout de leurs yeux, observer tout eux-mêmes. Ce qui fait que le nombre des personnes ayant des apparitions a considérablement diminué; je dirais même qu'elles ont complètement disparu. Et lorsque de temps en temps on en trouve (mais encore une fois elles sont rares), les médecins qui les examinent conseillent presque toujours de les envoyer dans un asile d'aliénés, où on les soigne très bien et d'où elles sortent généralement au bout d'un temps plus ou moins long: les apparitions ne leur apparaissent plus, et l'on dit qu'elles sont guéries de leur folie. Moi qui ne suis pas médecin, je ne puis sainement juger la question. Je m'abstiens donc et répète ce que l'on m'a dit et ce que j'ai lu, à savoir que Béatrix Soetkens avait des révélations.

Un jour, ou plutôt une nuit, elle eut un songe. Il lui sembla que la Vierge, entourée de lumière et vêtue de blanc, apparaissait tout à coup. Et tandis que la pauvre femme, étonnée, ravie et recueillie, regardait avec des yeux grands ouverts, elle crut entendre une voix – celle de la Vierge – qui lui parlait. Vous saurez tantôt ce qui lui fut commandé.

Béatrix sortit de chez elle en grande hâte et se dirigea vers l'église où elle avait coutume de faire ses dévotions. Là, sur un autel, se dressait une statuette, honorée depuis longtemps. Elle montrait la Vierge tenant l'enfant Jésus dans ses bras. On l'appelait Onze-Lieve-Vrouw-op-Stocxken, ou Notre-Dame à la Branche. Or, Béatrix s'approcha, s'agenouilla devant elle, se releva, la prit, la mit dans ses bras et s'enfuit. Mais quelqu'un l'avait vue et reconnue c'était le sacristain, qui, tout ébahi de voir l'une des personnes les plus pieuses de la paroisse s'emparer d'une des richesses de l'église, se mit à sa poursuite. Il allait l'atteindre, quand tout à coup Béatrix se retourna et éleva la statue au ciel en implorant un secours surhumain. O merveille! le sacristain s'arrête; nul effort de sa part ne peut lui faire lever les pieds, remuer les jambes, bouger le corps il est frappé d'immobilité. Béatrix reprend sa course, saute dans une barque, et arrive « sur ce léger esquif » jusqu'à Bruxelles.

Car tels étaient les ordres que la Vierge lui avait donnés pendant son sommeil, disait-elle.

Les autorités de notre ville devaient être prévenues de son arrivée, puisqu'elle fut reçue le dimanche avant la Pentecôte par le duc Jean III, alors régnant, son fils Henri, le magistrat, les métiers et le serment des arbalétriers, ce qui faisait un fort beau cortège pour une si pauvre femme. Tous ces nobles et hauts personnages transportèrent en grande pompe Notre-Dame à la Branche dans la chapelle du Sablon.

Cela se passait en 1348.
Et tous les ans, le dimanche avant la Pentecôte, l'anniversaire de cet événement fut célébré par une procession qui prit bientôt un développement considérable et qu'on appela l'Ommegang.


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